Fade Away and Radiate
Introduction de l'exposition au collège 3 fontaines avec le FRAC Champagne-Ardenne du 11 avril au 18 mai 2018
Fade away and radiate or not, avant tout, fait suite au protocole x100 conçu pour le « Projet Artistique Globalisé » sur les images résistantes,mis en place dans plusieurs collèges et lycées et à l’exposition fade away and radiate.Ainsi cette exposition témoigne d’une trace et d’interrogations laissées par le protocole artistique. Par les projets réunis des collégiens et lycéens, par leurs témoignages, par la mise en scène et en dépit d’un projet global de société, l’on peut se demander si les rêves rapportés par ces productions témoignent d’un état du désir ou d’un engagement particulier d’une génération qui arrive.
Mon intention à travers le protocole x100 est de produire une expérience en offrant un outil-projet — il faut entendre le terme outil-projet tel qu’il est entendu dans le mouvement moderne, comme un moyen, un outil — par l’emprise que les élèves peuvent ainsi créer sur leurs réalités et sur leurs habitudes. Au-delà, je leur propose d’interroger leurs désirs personnels à grandir et évoluer dans notre monde.
Avant de s’engager personnellement dans la réalisation du projet proposé par le protocole, il semble important de préparer cet outil-projet. Interroger ses désirs et s’attacher à définir un espace-temps : un rythme dans lequel chacun définirait un instant pour réaliser une action courte. Il s’agit autant de définir le chemin de son action vers son désir que de mettre en chantier ses habitudes pour trouver un temps. Car il s’agira durant le protocole de répéter cette action pendant plusieurs jours. Pour forger l’outil-projet et l’user : préposons le désir, préposons le temps, préposons le lieu.
Dans les faits, une interrogation supplémentaire s’est ajoutée à ce cadre de prépositions. À la manière d’un filtre social qui se dresse inconsciemment dans notre pensée ? par habitude ? probablement dû par le regard des autres ? Ces prépositions et traces laissées sont ainsi des témoignages publics de ce que chacun s’autorise à dévoiler. C’est dans ce sens que l’ensemble présenté est à regarder comme une tentative de découverte et d’interrogation. Il s’agit d’une invitation à poursuivre plus intérieurement à la fois le questionnement de son désir et à la fois la mise en action d’une approche plus personnelle.
Dans cet extrait de L’illusion de la fin - La grève des évènements, Jean Baudrillard remarquait à la fin des années 90 :
Pouvons-nous ainsi penser que ces témoignages, ces interrogations, ces parcours, ces rapports sociaux ont un potentiel pour interroger notre propre notion du courage — à bousculer nos habitudes et les archétypes qui nous entourent — et ainsi modifier la qualité et le temps que l’on se donne pour sculpter notre réalité personnelle et celles des mondes qui nous entourent.« Ce refus de signifier quoi que ce soit ou cette capacité de signifier n’importe quoi » […] « car l’ironie radicale de notre histoire, c’est que les choses n’ont plus vraiment lieu, tout en ayant l’air - le contraire de la ruse traditionnelle de l’histoire qui faisait que des changements essentiels se produisaient sans en avoir l’air. »
Je crois à l’idéologie de transformation du réel par une discipline du projet transversale et par la vie plutôt qu’uniquement par les disciplines classiques du mouvement moderne : architecture, design, urbanisme. Ainsi comment poser cette question de l’éducation au projet dans la vie ? Et comment y réintroduire les prépositions désir et temps pour qu’elles nourrissent le faire, tout autant que le faire nourrisse les prépositions mouvantes du désir et du temps ?